L'Afrique, et notamment l’Afrique de l'Est importe environ 1/8e des vêtements déjà utilisés dans le monde c’est-à-dire qu’un vêtement produit sur huit « échoue » en Afrique après avoir été porté. Sur ce continent, l’industrie de la fripe emploie 355.000 personnes et représente 230 millions de dollars (195 millions d'euros) de recettes par an, selon une étude de l'agence américaine d'aide internationale (USAid).
Loin derrière les Etats Unis, la France exporte près de la moitié de ses textile collectés vers l'Afrique, ce qui représente 155 000 tonnes et un chiffre d’affaire « Export friperie » de près de 75 millions d ’euros (Sources Douanes Françaises)
Ce recyclage textile vers l’Afrique est-il éthique, durable et écologique?
Certes, les vêtements de seconde main sont très appréciés par les populations locales mais les volumes concernés sont devenus si importants que certains pays se protègent d’une concurrence finalement déloyale pour leur propre industrie textile.
Comme présenté dans le livre blanc sur le recyclage textile ( à télécharger gratuitement ci-dessous), depuis fin 2017, plusieurs journaux relatent les prises de position de dirigeants de pays de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale (Rwanda, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Burundi, Soudan du Sud). Ces pays envisagent d’interdire l’entrée de textiles déjà portés. Notons qu’en l’occurrence, la vague anti-importation n’est pas fondée sur le danger (environnemental ou sanitaire) du produit usagé, mais sur deux arguments d’un autre ordre : l’importation d’habits déjà portés « menace l’industrie textile locale » et, surtout, « compromet la dignité du peuple africain ».
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En effet, l’importation massive de textiles de seconde main ainsi que les importations à bas coût de vêtements neufs de Chine ont affaiblit l’industrie locale qui aurait perdu les quatre cinquièmes de ses effectifs entre 1975 et 2000.
Au Rwanda, la guerre commerciale sur les vêtements d’occasion fait rage
Vêtements d'occasions à vendre à Mpondwe, à 400 km de Kampala (Ouganda), à la frontière avec le Congo. Photo prise le 18 février 2017. (ISAAC KASAMANI - AFP)
En 2016, le Rwanda qui importait pour l’équivalent de 15 millions de dollars de fripes, a décidé d’augmenter les taxes sur les importations de vêtements d’occasion en multipliant par 12 les droits de douane. En parallèle, cette zone d’Afrique de l'Est qui a l’ambition de développer à nouveau une industrie textile d'envergure supprime pendant 3 ans les taxes, les droits de douane et la TVA sur les produits textiles fabriqués dans sa zone.
Cependant, les nouveaux droits de douane à l’import ont créé de fortes tensions avec les plus gros exportateurs que sont les Etats Unis, cela a mis en difficulté les innombrables revendeurs de vêtements sur les marchés qui déplorent un vrai manque à gagner. Une fois leurs stocks épuisés, ils ne peuvent plus continuer leur activité de négoce, les taxes mettant les fripes hors de prix.
Ces décisions ont remis en question tout un commerce florissant. En effet il y a dix ans les ventes de fripes sur les étals de Kigali étaient bienvenues et très appréciées. Aujourd’hui, les taxes prohibitives ont ruiné ce commerce qui a tenté de se tourner vers l’importation de vêtements neufs en provenance de la Chine mais avec beaucoup moins de succès. La qualité n’était pas au gout des clients et l'objectif de relancer l'industrie locale n'est pas vraiment atteint.
L’objectif de ces taxes est de favoriser le développement des industries textiles locales
La région souhaite redevenir un acteur majeur de la production et du commerce local des produits coton, textiles et habillement. Son potentiel est estimé à 3 milliards de dollars d'ici à 2025 », affirment les auteurs du rapport de travail des dirigeants de la zone EAC (Communauté d’Afrique de L’Est/East African Community). Ensemble, pendant l’Agoa, l'Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda avaient réalisé 337 millions de dollars en exportation d'habillement en 2013.
L’Afrique dispose d’un réel atout pour développer son industrie textile. Elle représente 10% de la production mondiale, elle produit un coton de belle qualité, car récolté à la main. Avec 725 000 tonnes de coton produites en 2017, le Mali arrive au premier rang de ses producteurs. Il est suivi du Burkina Faso dont la production tourne autour de 700 000 tonnes.
Seulement, alors que la production connait une croissance remarquable, la transformation quant à elle stagne voire régresse notamment en ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest. Le magazine Jeune Afrique rapporte qu’« alors que la région comptait 45 usines il y a quinze ans, on ne dénombre plus que 10 unités, et la plupart tournent à moins de 50% de leur capacité ».
Selon une étude réalisée par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), 95% des volumes de coton produits en Afrique partent à l’étranger.
Implantée depuis 1985, l'entreprise rwandaise Utexrwa, spécialisée dans les vêtements de travail industriel et les uniformes, voit dans la hausse des droits d'importation rwandais sur les vêtements d'occasion une "avancée positive".
Dans l'industrie textile Africaine Il y a beaucoup de perdants face à la pression internationale
Certains pays de l’Afrique de l’Est (Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda) ont reculé depuis face à la pression économique des Etats-Unis et deviennent la nouvelle source locale pour les achats de vêtements d’occasion.
L'un des autres perdants de cette guerre commerciale est ainsi le fabricant chinois C&H, qui s'était installé dans la zone économique spéciale de Kigali en vue de bénéficier de l'Agoa (avantages commerciaux qui étaient accordés aux vêtements rwandais dans le cadre d’un accord signé en 2000 avec les Etats Unis), et exporte finalement la totalité de sa production rwandaise en dehors de ce pays. Au Rwanda, les activités de cette société chinoise génèrent toutefois un chiffre d'affaires de 154 millions de dollars par an. C&H n'a pas encore cédé à la pression du gouvernement rwandais, qui lui demande de produire des habits pour le marché local afin de combler la pénurie de vêtements d'occasion. Mais au vu des produits fabriqués dans cette usine, cela parait peu probable. Et c’est particulièrement incongru que le Rwanda produise les gilets de sécurité pour la sécurité routière des pays occidentaux … On peut aisément imaginer que notre célèbre et regretté styliste Karl Lagerfeld aurait à nouveau déclaré : « C’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien, mais ça peut vous sauver la vie … »
L’industriel chinois C&H a investi entre 8 et 10 millions de dollars dans une usine à Kigali au Rwanda.
15 à 20% des vêtements usagés, venus des pays occidentaux, partent… pour l’Inde, où ils sont recyclés. Avant de repartir… pour l’Afrique.
Un autre exemple de mondialisation peu connu, c’est la « Route du chiffon », par référence à la Route de la soie. Les chiffons en question, en l’occurrence des vêtements déchirés ou abîmés, venus d’Europe ou d’Amérique du Nord, sont ensuite envoyés pour recyclage à Panipat, dans l’Etat de l’Haryana (nord de l’Inde), parfois appelé la « ville des tisserands ».
Ce marché pèserait un milliard de dollars (867 millions d’euros) au niveau mondial. Les recycleurs indiens réussissent à transformer 3 tonnes de ses textiles usagés en 1,5 tonne de fil recyclé qui est travaillé ensuite pour la fabrication de couvertures de qualité sommaire. Ce sont notamment ces couvertures qui sont distribuées lors de catastrophes comme au Pakistan, en Tanzanie, au Soudan, à Haïti… Le prix de revient de ces couvertures est de moins de 2 dollars (1,73 euro) pièce qui sont d’une grande utilité.
Médecins sans Frontières lors d’une action de soutien, dans le comté de Leer, au Soudan du Sud.
L’autre usage local de ces chiffons permet de réaliser ces splendides tapis colorés et souvent pièces uniques que nous trouvons dans nos boutiques de décorations intérieures sous le joli nom de Tapis Lirette.
Tapis Lirette réalisé avec nos vêtements usagés non revendables en l’état.
Fripes business : consommons moins mais mieux !
Ce sont donc principalement les pays en voie de développement qui recyclent nos fripes car nous consommons quatre fois plus de vêtements qu’il y a trente ans selon une étude de l’Université de Cambridge. Nos rebus textiles pèseraient ainsi 8 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de 50 milliards de t-shirt, selon une autre étude menée par la société française RecyTextile et seuls 2% des vêtements collectés seront effectivement donnés. Un juteux business international qui pèserait 5 milliards d’euros au bas mot, selon certaines estimations.
Le recyclage textile en FRANCE : la solution la plus écologique
Chez Chaussettes Orphelines, lorsque vous nous donnez vos chaussettes usagées, soit elles partent en centre de tri chez Espérance, structure d’insertion professionnelle des Yvelines, pour être ensuite transformées en nouveau fil soit elles sont remises en paires et données aux associations du quartier ou de Paris qui les distribuent aux gents qui en ont besoin.
Avec ce nouveau fil, Chaussettes Orphelines refait des Chaussettes mais aussi de nouveaux accessoires et vêtements en France et même à Paris.
Vous aussi vous pouvez aider l'industrie textile à recycler ses fibres dans son secteur d'activité et participer à l'effort de recyclage textile de Chaussettes Orphelines :
-Soit en nous envoyant ou en nous apportant vos chaussettes usagées, (à notre atelier-Boutique, au 2 rue des Gardes, 75018 Paris) pour que nous puissions faire du fil recyclé avec lequel nos couturiers et tricoteurs vont donner vie à de nouveaux accessoires, des chaussettes bien sûr, mais aussi des robes, des pulls et toute une collection de vêtement conçue par notre créatrice de mode Marcia de Carvalho.
-Soit en achetant directement dans notre boutique en ligne des chaussettes, des gants, un bonnet, une écharpe, un porte-monnaie ou un vêtement pour contribuer à notre modèle d'économie circulaire.
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Je suis très intéressée par l’ approche économique et créative de Chaussettes orphelines